Seule en scène, incisive et hilarante, Johanna Nizard porte superbement le texte de Delphine Horvilleur. Une ode à la différence, à la tolérance, au doute.
« Nous ne sommes jamais ce que nous pensons être, nous sommes beaucoup plus ! » Le premier texte de théâtre de Delphine Horvilleur, rabbin, écrivaine et conteuse, est un réquisitoire sans concessions contre l’identité « réductrice brandie comme un contrat d’assurance et d’existence. » Delphine Horvilleur s’empare de la plus grande mystification littéraire du siècle orchestrée par Romain Gary : Émile Ajar, auteur du Goncourt 1975 La vie devant soi, n’existe pas. Avec malice, elle invente à ce personnage imaginaire un fils, Abraham Ajar, qui, du fond de son trou, revendique sa non-existence, parle politique, religion, s’énerve sur tout. La comédienne Johanna Nizard incarne ce fils virtuel, jouant les caméléons sur scène. Évoluant dans une forêt de miroirs démultipliant son image, ses doubles, elle change de vêtements et de sexe, de tons et de voix. Bad boy, nymphe ésotérique, femme fardée, tout y passe pour incarner ce voyou littéraire qui pourfend les idées du siècle, et désamorce les tensions identitaires.
Molières 2023
Nomination – Meilleur Seul en scène
Molières 2023
Nomination – Meilleur Seul en scène