Véritable joyau chorégraphique, l’intemporelle May B n’a rien perdu de sa force quarante ans après sa création. Dix danseurs enduits d’argile blanche.
Dix silhouettes de vieillards inquiétants aux visages déformés, échappés de l’univers de Samuel Beckett, incarnent la partition du désastre. Réconciliant danse et théâtre, le spectacle est imprégné d’un cynisme salvateur. Essentiel et révolutionnaire par sa forme dans le paysage artistique de l’époque, il résonne aujourd’hui.
Petite horde échappée d’on ne sait quel asile, ce prélèvement d’humanité hors d’âge n’en finit pas de traîner les pieds. En silence, à bout de souffle, ils halètent, grognent, se reniflent, jettent des regards mauvais. Se séparent, se retrouvent pour ne pas rester seuls, aveuglément suivent le troupeau. Parfois s’organise un bal grotesque au sein de cette étrange communauté, des couples se forment, mais très vite l’image dérape, le temps d’un bref accouplement aussi bestial qu’obscène. Ces pauvres créatures cruelles et pitoyables ne sont peut-être rien d’autre qu’un miroir tendu, issues du déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes. Elles peuvent nous révolter ou nous faire rire, mais quand elles se font envelopper par la musique de Schubert, on peut en avoir les larmes aux yeux. L’écriture de Beckett règne sur la chorégraphie, la pantomime dansée est imprégnée de son rythme, ces vieillards sans espoir sont frères de ses personnages. Très loin d’une pièce de musée, May B la scandaleuse a gardé toute sa puissance. Celle d’un choc profond, un regard poignant sur l’humanité.
Petite horde échappée d’on ne sait quel asile, ce prélèvement d’humanité hors d’âge n’en finit pas de traîner les pieds. En silence, à bout de souffle, ils halètent, grognent, se reniflent, jettent des regards mauvais. Se séparent, se retrouvent pour ne pas rester seuls, aveuglément suivent le troupeau. Parfois s’organise un bal grotesque au sein de cette étrange communauté, des couples se forment, mais très vite l’image dérape, le temps d’un bref accouplement aussi bestial qu’obscène. Ces pauvres créatures cruelles et pitoyables ne sont peut-être rien d’autre qu’un miroir tendu, issues du déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes. Elles peuvent nous révolter ou nous faire rire, mais quand elles se font envelopper par la musique de Schubert, on peut en avoir les larmes aux yeux. L’écriture de Beckett règne sur la chorégraphie, la pantomime dansée est imprégnée de son rythme, ces vieillards sans espoir sont frères de ses personnages. Très loin d’une pièce de musée, May B la scandaleuse a gardé toute sa puissance. Celle d’un choc profond, un regard poignant sur l’humanité.